Il se passe tant de choses dans le monde ! Un bras de fer oppose le président Trump à une presse américaine hostile, la campagne présidentielle française tourne au cauchemar pour les candidats, la classe politique israélienne est en ébullition permanente. Ajoutez le buzz de la soirée des Oscars, et vous comprendrez que le drame des Coptes du Sinaï forcés de quitter leur foyer n’intéresse pas grand monde. Il s’agit d’un si petit exode ! Un peu plus d’une centaine de familles, de 130 à 150 selon les estimations, soit un peu moins d’un millier de personnes. Tout ce qui reste d’une communauté autrefois modeste mais florissante qui vivait à El Arish, la perle du nord de la péninsule du Sinaï, station balnéaire réputée. Les Coptes, on s’en souvient, sont les descendants des anciens Egyptiens convertis au christianisme au Ier siècle, soit bien avant l’avènement de l’islam.Mais voilà, c’est justement dans la région d’El Arish, le long de la frontière entre l’Egypte et Israël, que l’Etat islamique, section Sinaï, concentre le plus clair de ses forces. Et Daesh, c’est bien connu, n’aime pas les chrétiens. On l’a vu en Irak. Naguère, ce pays comptait plus d’un million de chrétiens, toutes dénominations confondues ; aujourd’hui, il en reste moins de 200 000. L’organisation terroriste au Sinaï a décidé de procéder à un nettoyage ethnique similaire à la frontière égyptienne et d’éliminer tous ces infidèles. Pour leur faire comprendre à quel point ils étaient indésirables, Daesh a eu recours à ses méthodes habituelles : enlèvements, tortures et assassinats. Selon des sources officielles égyptiennes, sept Coptes ont été assassinés pendant le seul mois de février : cinq d’entre eux abattus à coups de revolver ; deux autres, dit le communiqué officiel, brûlés vifs. Et dans l’une de ces vidéos à glacer le sang dont ils sont coutumiers, les terroristes de l’Etat islamique, accusant les Coptes « d’insulter l’islam », ont promis de multiplier leurs attaques à leur encontre.Abandonnant maisons, commerces et souvenirs, les derniers Coptes ont donc choisi la fuite. Plus chanceux que leurs coreligionnaires irakiens, ils n’auront pas à prendre le chemin de l’exil car ils peuvent compter sur le soutien de la forte minorité copte du pays. Mieux, le gouvernement a promis de tout faire pour les aider à se reloger. Il n’y a donc pas lieu de s’inquiéter pour leur avenir. C’est ce qui explique sans doute le silence du pape comme celui des dignitaires religieux de l’Occident. Personne, bien sûr, ne se hasarde ici à parler d’apartheid ou de nettoyage ethnique. On aurait pu attendre des condamnations universelles, ou, à tout le moins, une réunion d’urgence du Conseil des droits de l’homme des Nations unies, mais au fond, il ne s’agit que d’un si petit exode ! Il est beaucoup plus urgent de condamner la justice israélienne, jugée trop clémente envers l’un des soldats de Tsahal.
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