J’ai hésité à m’exprimer à ce sujet, ne souhaitant en aucun cas faire de la publicité aux idées nauséabondes d’un humoriste qui, hélas, ne fait plus rire. Je ne reviendrai donc pas sur les propos qu’il a tenus contre un journaliste français, ni sur le geste dit de la « quenelle », propos et geste qui sont clairement antisémites et négationnistes, ni sur le mythe de la conspiration juive dont il a fait son fonds de commerce. Les provocations de Dieudonné ne sont certainement pas des opinions, encore moins des traits d’esprit, ce sont des délits de racisme et d’antisémitisme que la loi poursuit et condamne avec la plus grande fermeté.
Je tiens à cet égard à souligner la mobilisation de tous les services de l’Etat et de la Justice, qui, dans mon pays, combattent ce type d’incitations à la haine. La République française s’est montrée forte et déterminée : nous devons nous en réjouir.
Après avoir condamné le «spectacle» de Dieudonné, Manuel Valls, ministre français de l’Intérieur, a adopté une circulaire le 6 janvier, précisant les moyens d’action dont disposent maires et préfets pour s’opposer à la tenue de ses spectacles dont les propos sont constitutifs d’infractions pénales délibérées.
Le Conseil d’Etat a ensuite rendu une décision exceptionnelle, en invoquant, le 9 janvier dernier, «de graves atteintes au respect des valeurs et principes consacrés par la Déclaration des droits de l’Homme et par la tradition républicaine». Il a conclu à l’interdiction d’un spectacle qui « fait l’apologie des discriminations, persécutions et exterminations perpétuées au cours de la seconde guerre mondiale » et qui porte atteinte à «la dignité de la personne humaine» et «à la cohésion nationale».
La plus haute juridiction administrative française a ainsi souligné que les auteurs de propos incitant à la haine raciale ne pouvaient se prévaloir de la liberté d’expression, principe fondamental défendu avec acharnement par la France. Que la France de Voltaire ne s’inquiète donc pas d’une possible restriction de la liberté d’expression. L’intolérance n’a pas sa place en France. Mon pays n’est ni raciste, ni antisémite. Comme l’a rappelé François Hollande, président de la République, le 14 janvier dernier, lors de sa conférence de presse au palais de l’Elysée, l’antisémitisme, le racisme et la xénophobie continueront d’être pourchassés.
Aujourd’hui plus que jamais, le gouvernement français est déterminé à lutter contre le fléau de l’antisémitisme partout, sous toutes ses formes. La France a mis en place un arsenal juridique particulièrement sévère, destiné à lutter contre l’antisémitisme, y compris sur internet. La France ne laissera pas les «entrepreneurs de la haine» exploiter à mauvais escient les valeurs de liberté et de tolérance. Comme l’a réaffirmé le ministre de l’Intérieur il faut « casser la mécanique de haine».
© Jerusalem Post Edition Française – Reproduction interdite