Niché au coeur d’un paysage désertique, le « Village de Paix » desHébreux noirs, à Dimona, s’illustre par ses jardins luxuriants. Les tenuescolorées des habitants complètent le vert des parcs. Un jeune homme arbore unekippa bleue, une chemise bleue en soie et un pantalon jaune. A ses côtés, unefemme vêtue de rouge et coiffée d’un foulard blanc.
« Nous pensons que les vêtements synthétiques empêchent nos corps de respireret sont donc la cause des maladies de peau. Nous préférons les matériauxnaturels comme le coton, le lin, la soie ou la laine. A travers leurs couleurs,nous exprimons notre appréciation de la beauté de la Terre d’Israël », raconteYafa Bat-Israel, représentante de la communauté, en charge des visiteurs.
Les Hébreux noirs pensent que leurs pères fondateurs se sont exilés de la Terred’Israël en 721 avant notre ère pour rejoindre l’Afrique. Ils auraient ensuiteété vendus comme esclaves en Amérique.
Puis en 1960, un jeune employé charismatique d’une usine de Chicago a unerévélation divine : il est temps pour les Hébreux noirs de revenir en Terrepromise. Après de nombreuses péripéties, le visionnaire, aujourd’hui connu sousle nom de Ben-Amni Ben-Israël, et les siens, s’établissent à Dimona.
Mais il leur faudra deux décennies de batailles juridiques avecl’administration israélienne pour être reconnus comme résidents par leministère de l’Intérieur.
Aujourd’hui, la communauté s’est agrandie et compte plus de 2 000 personnes,installées à Arad, Mitzpe Ramon, Tibériade et à Dimona.
A Dimona, le long des rues jalonnées de commerces de proximité ou en directionde la synagogue, on remarque les jardins parfaitement entretenus qui complètentles simples habitations. Des enfants jouent au basket, d’autres s’occupent demaintenir propres leurs fameux lopins de terre.
Manger sain pour penser sain
Les Hébreux noirs maintiennent une vie bienorganisée au sein de la communauté où chaque membre a un rôle défini selon sescompétences. Beaucoup d’entre eux travaillent dans la localité, fabriquent desbijoux et des vêtements ou enseignent dans l’école.
Certains sont impliqués dans la maintenance du village, d’autres ont des petitsboulots à Beersheva ou Tel-Aviv. Chacun paie un pourcentage de ses revenus aufond communautaire du village. Cet argent revient à ceux qui sont dans lebesoin et participe aux taxes municipales pour l’entretien du lieu de vie. Desrevenus considérables proviennent de dons envoyés par la communauté américainedes Hébreux noirs.
Les repas sont parfois pris dans une grande salle commune où l’on peutremarquer les vêtements chics des habitants. Au menu : fruits, légumes,céréales et produits dérivés du soja.
Les mets sont les miroirs de leur foi : « Dieu a offert à Adam et Eve tous lesarbres et buissons du jardin d’Eden, à part l’arbre de la connaissance. Il n’apas dit qu’il était autorisé de manger des animaux », confie Bat-Israël. « Nouspensons qu’une nourriture appropriée mène à des pensées positives etproductives, qui apporteront des actions également constructives. » Al’origine, les enfants de la communauté fréquentaient l’école de Dimona. Maisen 1993, après que la communauté ait reçu des fonds pour construire son propreétablissement, l’école de la Fraternité a pu voir le jour. Elle hébergeaujourd’hui 17 classes, de la crèche à la terminale.
Les Hébreux noirs se considèrent comme juifs, leurs enfants étudient donc lestraditions et les fêtes religieuses. L’école est reconnue par le ministère del’Education.