Ni arme nucléaire, ni frappe militaire Concernant la question nucléaire, Sazegara estime que la politique actuelle de sanctions fera preuve de son inefficacité pour stopper les ambitions de Téhéran. En l’absence de soutien de la Chine et de la Russie, expliquet- il, ces actions se révéleront inutiles. Le succès de ces sanctions “dépendra de la capacité affichée par la communauté internationale à convaincre la Chine de ne pas coopérer avec le régime iranien. Si les États-Unis peuvent persuader Pékin de coopérer avec la communauté internationale, alors ces sanctions seront plus efficaces.”Toutefois, souligne-t-il, l’adoption prématurée de sanctions contre la banque centrale iranienne n’aura aucun impact positif. Le véritable changement, croit-il, ne viendra que de l’intérieur de l’Iran. “Les dirigeants de la République islamique se trouvent à un carrefour. Soit ils choisissent de devenir une autre Corée du Nord dotée de la bombe nucléaire. Soit, ils feront le choix de la conciliation.” Sans surprise, Sazegara insiste sur l’absence d’option militaire viable et s’oppose à toute intervention militaire dans sa patrie. “Les opérations clandestines se révèlent bien plus efficaces que toute frappe militaire pour stopper les ambitions nucléaires du régime iranien.”Et de prévenir qu’un Iran nucléarisé déclencherait une course régionale aux armements. Sazegara appelle ainsi au désarmement nucléaire à l’échelle régionale et exhorte Israël à renoncer à ses armes de destruction massive. “La meilleure façon de résoudre le problème est de soutenir la lutte du peuple iranien pour l’instauration d’une démocratie”, poursuit-il. “Dans un Iran démocratique, nul doute que le régime fera preuve de fiabilité et de pacifisme. Et nous pourrions alors éviter ce type d’aventurisme.”Si la révolution islamique prend racine sur le credo “de la défense des droits du peuple palestinien”, explique Sazegara, seule une solution négociée à deux Etats mettra un terme au conflit actuel. “Ce régime doit soutenir les groupes radicaux et des mouvements terroristes comme le Hamas ou le Hezbollah, pour justifier sa ligne de conduite à Téhéran. Mais, dans l’avenir, un régime démocratique reflet de la volonté du peuple affichera son soutien au processus de paix et à une solution à deux Etats”, promet-il. L’Iran peut effectivement servir de pont entre Arabes et Juifs et “participer au maintien de la paix dans la région.”
Trop naïf pour être crédible ?Si ses objectifs sont certes louables, on ne peut s’empêcher de relever un idéalisme à la Don Quichotte chez le personnage. Il connaît certainement bien le fonctionnement interne du régime iranien, mais difficile d’écarter l’hypothèse que sa foi en la rédemption personnelle le conduise à surestimer amplement le potentiel de changement en Iran. Les Israéliens, par ailleurs, rejettent ses allégations concernant la futilité d’une action militaire. Ironiquement, c’est l’armée israélienne, assure Sazegara, qui a servi de modèle à la Garde révolutionnaire iranienne. L’organisation avait été conçue, à l’origine, comme “l’armée du peuple.” “L’un de nos modèles a été l’armée israélienne. Nous souhaitions alors fonder une sorte d’organisation pour mobiliser le peuple afin qu’il défende le pays en cas d’invasion par des troupes étrangères. L’actuelle Garde révolutionnaire s’est écartée de ce fondement originel.”Mais “le régime a reconverti les Gardiens de la révolution en une organisation monstrueuse et en organe de répression contre le peuple d’Iran”, déplore-t-il.Difficile de concevoir qu’une organisation en partie façonnée sur le modèle de Tsahal puisse développer un programme nucléaire visant à la destruction de l’Etat d’Israël. Toutefois, si Mohsen Sazegara revient dans la course, son organisation pourrait réendosser un rôle plus constructif, à l’instar de son fondateur. Un scénario bien peu probable néanmoins.