Caroline Boneh, directrice de la maison de production et de distributionEden Cinéma, est co-organisatrice de ce projet. En amont, aux côtés d’OlivierTournaud, conseiller audiovisuel de l’ambassade française en Israël, ellechoisit les films de l’année avant de solliciter l’autorisation de lesprojeter. L’ambassade, l’institut français, mais aussi TV5 Monde – diffuséedepuis 20 ans dans le pays – et Uni France sont de la partie. Une joyeusedélégation qui dure depuis déjà 10 ans.
« 10 ans, ça passe vite ! », nous livre la directrice qui mène bien sa barque,puisque les films français voient leur public rajeunir chaque année, maissurtout augmenter en moyenne de 40 %. En 2012, par exemple, les cinémasisraéliens ont rassemblé 1 million de spectateurs rien que pour les filmsfrançais. Un succès que l’on doit en partie à Intouchables, qui a reçu unaccueil triomphal du public israélien sensible à l’humour du duoNakache-Toledano, pourtant pas si « humour juif ».
Le pays se prédestine à devenir de plus en plus cinéphile, avec quelque 380écrans et 120 salles, pour une population de 8 millions d’habitants. Israëlreste le territoire le mieux équipé au Proche et Moyen-Orient. « D’ailleurs »,précise Caroline Boneh, « notre destinataire principal, est l’Israélien, et nonle francophone en Israël », c’est pourquoi toutes les productions diffuséessont sous-titrées.
Alors comment se passe l’organisation d’un tel événement ? « On recherche lesplus gros succès français, on les visionne, on en discute et on décèle le petitplus ». Puis les droits sont achetés, les invitations envoyées, laprogrammation lancée ! Selon Boneh, les organisateurs n’ont jamais rencontré derefus, au contraire, les réalisateurs sont toujours très enthousiastes à l’idéed’être projetés en Israël.
Quel est le point commun entre toutes les sélections ? La directrice d’EdenCinéma nous confie qu’il n’y a pas d’unité « thématique », mais le but est deréaliser des hommages.
Cette année, le festival est consacré à Claude Miller, décédé le 4 avril 2012,réalisateur – entre autres – de Thérèse Desqueyroux, adapté du roman deFrançois Mauriac, et projeté au festival à Tel-Aviv. Sa femme, Annie Miller,sera présente au festival, comme elle l’avait été aux côtés de son défunt marià la projection très appréciée en 2008, d’Un Secret.
L’avenir glorieux du cinéma français en Israël
« Ce qui est positif d’un pointde vue professionnel, c’est que le festival soit une ouverture pour les sortiesultérieures », ajoute Caroline Boneh. Un peu comme une projection « test ».
Alceste à bicyclette, de Philippe Le Guay, réalisateur du succès Les Femmes du6e étage, est le film tête d’affiche du Festival 2013. Il a fait l’objet d’unecommunication particulière. Sa sortie dans les salles israéliennes estprogrammée pour le 14 mars. Etrangement, ce film typiquement français, dont lesujet ne touche en rien la communauté judéo-israélienne, s’exporte plutôt bien.« Le pari n’est pas gagné d’avance, mais l’humour et la langue française,Fabrice Luchini et Lambert Wilson, au summum de leur jeu d’acteur, créent uneatmosphère irrésistible. » Ni lourd, ni lent, mais subtil et léger, qui porte àson paroxysme la langue française, voilà la bonne formule pour plaire auxIsraéliens. La popularité grandissante du festival est une reconnaissance dutravail de fond effectué pour créer une « tradition cinéma » dans le jeunepays, et le rallier à la cause de la culture frenchie.
Parmi les longs-métrages présentés cette année, certains ont été nominés auxCésars, comme Camille redouble, Cloclo, ou Cherchez Hortense. Et deux abordentIsraël, Alyah et Le fils de l’autre. Quant au nombre élevé d’acteurs et deréalisateurs d’origine juive qui prennent part au festival cette année, « c’estun pur hasard », affirme Boneh.