L’heure est au bilan. Le Centre Wiesenthal a publié un classement des dix pires incidents antisémites et antisionistes de 2014. Classement, qui selon le Rav Marvin Hier, fondateur et doyen de l’organisation de défense des droits de l’homme, a cette année pour objectif de montrer « comment la rhétorique antisémite des élites a contaminé l’individu moyen ». C’est pourquoi le Centre a choisi de ne pas inclure les principaux dirigeants arabes et le président turc Erdogan. Et sans surprise, l’Europe est en tête, avec six incidents sur la liste.La première place revient à un docteur belge qui a refusé de soigner la côte cassée d’une femme juive de 90 ans, l’été dernier, pendant l’opération Bordure protectrice contre le Hamas à Gaza. Alors qu’il est de garde, le praticien reçoit un coup de téléphone. Un homme explique que sa mère, Bertha Klein, souffre et a besoin de soins. Son nom et son adresse à Anvers confirment ses origines juives. « Envoyez-la à Gaza pour quelques heures, elle n’aura plus mal. Je refuse de venir », répond le médecin, avant de raccrocher. Hershy Taffel, le petit-fils de Bertha Klein, a porté plainte pour discrimination, déplorant un événement qui lui « rappelle ce qui s’est passé en Europe il y a 70 ans. Honnêtement, je ne pensais pas que cette situation se répéterait », a-t-il confié.A la seconde place du podium, on retrouve une partie du gouvernement jordanien et du Fatah. Après le massacre de Har Nof, des députés jordaniens ont dédié une minute de silence aux auteurs de l’attentat, avant de lire des versets du Coran. Leur but ? « Rendre hommage à leurs âmes pures et à celles de tous les martyrs des nations arabes et musulmanes. » Le Centre Wiesenthal a également relevé la lettre envoyée par le Premier Ministre Abdoullah Ensour aux familles des terroristes, dans laquelle il « demande à Dieu d’avoir pitié d’eux ». Quant au Fatah, il est distingué pour avoir représenté les trois jeunes israéliens enlevés et assassinés sous la forme de rats dans une BD parue sur le site officiel du mouvement. Et vous nous remerciez en tuant des musulmans ?L’attaque antisémite qui s’est déroulée à Créteil début décembre prend la 3e place du classement. Trois jeunes avaient extorqué de l’argent à un couple, persuadés que « vous les juifs vous avez toujours de l’argent » et violé la jeune fille.Les députés membres de l’aile radicale anti-Israël du parti de gauche allemand sont quatrièmes. Annette Groth, Inge Höger, Claudia Haydt et Heike Hänsel ont étalé leur haine de l’Etat hébreu lors d’un débat au Bundestag. Höger et Groth avaient invité deux extrémistes inconnus au bataillon pour s’exprimer contre Israël. D’après le centre, cette invitation a eu lieu « le lendemain de la commémoration de la Nuit de Cristal ».L’éditorialiste turc Farouk Köse truste la 5e place du classement. Dans Yeni Akit, un journal proche du gouvernement actuel, il a écrit que les juifs turcs devraient payer un impôt exceptionnel pour rembourser les dégâts causés par l’opération Bordure protectrice. Köse a également cherché à convaincre Erdogan que la communauté juive devrait s’excuser pour les mesures d’autodéfense prises cet été : « Vous êtes venus ici après avoir été bannis d’Espagne. Vous avez vécu confortablement parmi nous pendant 500 ans et vous êtes enrichis à nos dépens. Et vous nous remerciez en tuant des musulmans ? Erdogan, il faut exiger que les chefs de communauté s’excusent. Evidemment, dans ces cas-là, on a envie de dire : “que Dieu bénisse cet Hitler”. » La diffusion d’un antisémitisme d’extrême-droite pratiquée par Björn Söder (membre du parti Démocrates Suédois) le classe à la 6e place. Il avait déclaré dans une interview : « la majorité des gens d’origine juive qui deviennent Suédois abandonnent leur identité juive » et il est « important de faire la différence entre citoyenneté et nationalité ». Le Centre Wiesenthal a vivement critiqué le gouvernement suédois pour son incapacité à combattre la haine des juifs : « Cette année les juifs suédois ont été victimes de crimes haineux perpétrés par des extrémistes musulmans, mais les autorités n’ont que rarement (voire jamais) engagé des poursuites contre les auteurs de ces actes ».Tuer des juifs et mourirLe néo-fasciste Mayor Mihaly Zoltan Orosz, originaire d’Epatek dans l’Est de la Hongrie, atteint, grâce à la pendaison publique de mannequins à l’effigie de Benjamin Netanyahou et Shimon Peres organisée en août dernier, la 7e position. Il a confié aux journalistes que « l’Etat terroriste juif » tentait d’annihiler les Palestiniens et qu’il s’opposait « aux efforts fournis par la franc-maçonnerie pour gouverner le monde ». Sur la pancarte accrochée au « corps » de Peres on pouvait lire : « Je suis un criminel de guerre, un bâtard génocidaire, c’est pour ces raisons que je reçois la punition que je mérite : la mort par pendaison ! Je vais rejoindre mon maître, Satan, car les flammes de l’Enfer m’attendent ! – Simõn Peresw ». A la 8e place du classement, on trouve deux exemples de « propagation de la haine dans le monde académique ». En Californie, un syndicat représentant des étudiants diplômés a soutenu un boycott pour diaboliser Israël qui a eu beaucoup de succès. Le Centre Wiesenthal a également distingué Steven Salaita, un professeur américain d’origine palestinienne qui a appelé à « la destruction d’Israël ». Il a écrit sur son compte Twitter : « Au point où on en est, est-ce que quelqu’un serait surpris si Netanyahou portait un collier fait de dents d’enfants palestiniens ? ». A propos de la communauté juive américaine, il a déclaré : « Chaque petite fille ou petit garçon juif peut devenir le dirigeant d’un régime meurtrier en grandissant ».Frazier Glenn Cross Jr, un ancien Grand Dragon du Ku Klux Klan, est 9e du classement. Il s’était rendu avant Pessah près d’un centre communautaire et d’une maison de retraite juifs dans la banlieue de Kansas City et avait ouvert le feu sur trois personnes. Il « voulait être certain de tuer quelques juifs avant de mourir ». L’ironie, c’est qu’aucune des trois victimes n’était juive.La dernière place est emblématique de la poussée de l’antisémitisme au Royaume-Uni. Sont cités un magasin de sport d’Hertfordshire (Angleterre), où l’un des vigiles a empêché des étudiants juifs d’entrer dans l’échoppe en répétant « Pas de juifs, pas de juifs », et le propriétaire du club de football Wigan Athletic, Dave Whelan, qui a confié à des journalistes : « Je pense en effet que les juifs courent après l’argent plus que n’importe qui ». © Jerusalem Post Edition Française – Reproduction interdite