Les révélations du journal Haaretz, le 16 novembre, sur l’avenir de la position diplomatique européenne vis-à-vis d’Israël, ont pris tout le monde de court. Le quotidien met au jour l’existence d’un document confidentiel, communiqué par le SEAE (Service européen d’action extérieure) de l’Union européenne aux Etats membres. Selon le rapport, si l’Etat hébreu devait compromettre la solution à deux Etats – notamment par « la poursuite de la colonisation » de Jérusalem-Est et des alentours – il serait alors passible de sanctions.Le document est loin d’être une version définitive, mais l’objectif affiché est clair : définir une « ligne rouge » à ne pas franchir. Dans le cas contraire, l’Union européenne appliquerait des pénalités : étiquetage obligatoire des produits des implantations, limitation de la coopération avec Israël dans des domaines variés, jusqu’à des restrictions sur l’accord de libre-échange entre deux pays. L’homme derrière ce projet est l’Autrichien Christian Berger, déjà responsable des sanctions européennes à l’encontre des implantations en juillet 2013.Une Europe de plus en plus pro-palestinienne© Jerusalem Post Edition Française – Reproduction interdite Il semblerait qu’un vent de changement souffle sur la vieille Europe. En effet, c’est au tour du Parlement espagnol – après ceux de l’Irlande et de la Grande-Bretagne en octobre – de se prononcer sur la reconnaissance d’un Etat palestinien. Un vote similaire est prévu en France, le 28 novembre à l’Assemblée nationale et le 11 décembre au Sénat. Bien que purement symboliques (les résolutions votées sont non-contraignantes), ces prises de position des Chambres nationales font écho à un changement de fond dans l’opinion publique européenne, de plus en plus pro-palestinienne.La Suède est allée encore plus loin fin octobre en reconnaissant unilatéralement l’existence d’un Etat palestinien, une prise de position saluée par Mahmoud Abbas. Unique en Europe pour l’instant, la position suédoise pourrait bien inspirer d’autres pays en cas d’échec de reprise des pourparlers, selon un haut responsable européen cité par The Wall Street Journal.Même la gouvernance de l’Union européenne semble touchée par cette fièvre pro-Palestine. La chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, souhaite ainsi la création d’un Etat palestinien d’ici la fin de son mandat. « Il faut un Etat palestinien, c’est l’objectif, et cette position est partagée par toute l’Union européenne », a-t-elle déclaré lors de son passage en Israël à la mi-novembre, ajoutant que Jérusalem doit être la capitale de deux Etats pour montrer que la ville peut être partagée « en paix et dans le respect ».A la lumière de cette actualité, le ministre des Affaires étrangères allemand fait presque figure de voix dissonante. En visite à Jérusalem et auprès de l’Autorité palestinienne, il a réaffirmé l’engagement de son pays pour la sécurité d’Israël et a déclaré que toute décision unilatérale était un obstacle à la reprise des négociations.