A écouter YouvalYeroushalmi raconter l’histoire de sa famille venue en Israël pour aider àconstruire le pays, on croirait entendre évoquer le voyage du patriarcheAbraham.
« Mon grand-père a fait un rêve une nuit à Téhéran », raconte Yeroushalmi,aujourd’hui avocat israélien. « Il entendit Dieu lui ordonner : “Quitte tonpays, ta parenté et la maison de ton père pour le pays que je te montrerai”. »C’est ce qu’il a fait, conduisant sa famille juive perse durant un long péripleà pied, de Téhéran à Jérusalem en 1885.
« Ils sont arrivés dans la Vieille Ville de Jérusalem, au terme de mois demarche, après avoir été dépouillés de tout leur argent et avoir perdu leur bébéà cause de la chaleur du désert. Ils se sont installés près du Mur occidental,qui était au centre de la vie de mon grand-père ».
Une fois ici, la famille a pris le nom hébreu de Yeroushalmi – qui signifie «le hiérosolomytain ». Elle s’est installée dans un endroit modeste près du Muroccidental où elle séjournera durant de longues et heureuses années. Parmi lesenfants nés et élevés, il y avait le père de Youval, Meir Yeroushalmi.
Mais cette période calme s’achève violemment. La famille est chassée de laVieille Ville. Un épisode tragique pour les habitants du quartier juif qui sontexpulsés lors de la guerre d’Indépendance.
« La chute de la Vieille Ville prise par l’armée jordanienne en 1948 a porté uncoup terrible à mon grand-père », relate Yeroushalmi. Pourtant, son attachementpour elle n’a jamais faibli.
« Mon grand-père est mort à l’âge de 105 ans en juin 1967, trois jours après lalibération de la Vieille Ville par l’armée israélienne », se souvient-il. « Ilavait vécu pour voir ce moment, mais il est resté très marqué par cet épisodede 1948. » Youval Yeroushalmi a lui-même servi dans la brigade desparachutistes, qui se sont battus pour libérer la Vieille Ville pendant laguerre des Six Jours.
Prendre la loi au mot
La mère deYouval, Miriam, – issue d’une famille juive européenne dispersée juste avant ledéclenchement de la seconde guerre mondiale – rejoint elle aussi Israël.Certains de ses proches ont réussi à immigrer en Palestine mandataire, mais laplupart n’en réchapperont pas et périront dans la Shoah.
Les parents de Youval se rencontrent en 1939 et, en 1941, Meir, ainsi que deuxjeunes et robustes compagnons, sont envoyés par David Ben Gourion dans le sudpour prendre le contrôle de 2 830 hectares de terre. Cette parcelle de terrain,située à environ 40 km au sud de Beersheva, a été achetée par l’Agence juive.Quand ils arrivent, ils n’ont guère plus que leurs rêves pour tout bagage enbandoulière, et les vêtements qu’ils portent sur leur dos… « La loi foncière envigueur à l’époque était ottomane. Si un individu labourait la terre, ilacquérait de facto la propriété », explique Youval Yeroushalmi. Les pionniersont donc pris la loi au mot. « Mon père et deux de ses amis ont vécu dans unegrotte dans le désert, et labouré la terre avec un petit tracteur. » Pendantlongtemps, l’endroit était adapté à leurs familles qui désiraient venirs’installer et profiter ainsi de meilleures conditions de logement.
La petite communauté prend le nom de Revivim, qui signifie en hébreu « averses», et s’établit officiellement comme kibboutz à l’été 1943.
Cette même année, alors que Meir combat dans l’armée britannique contre lesforces de l’Axe, Miriam donne naissance à une petite fille et la prénommeNitza. Elle est le premier bébé né au kibboutz Revivim. Youval Yeroushalmisuivra et verra le jour lui aussi au kibboutz, en 1946.
Un avant-poste stratégique
Après d’humblesdébuts qui voient trois braves pionniers dormir dans une grotte la nuit pourtravailler sans relâche toute la journée – à cultiver péniblement au milieu dece désert austère – Revivim grandit et devient une communauté prospère. Descamarades sont missionnés pour fonder d’autres kibboutzim dans le Néguev. Celaa permis par la suite d’assurer une présence juive dans la région et contribuéà l’inclusion du Néguev au sein de l’Etat juif, envisagé dans le plan departition des Nations unies du 29 novembre 1947.
Mais pendant la guerre d’Indépendance, le kibboutz est coupé du reste deterritoire juif et doit être ravitaillé par les airs. Alors que les forceségyptiennes envahissent l’Etat juif nouveau-né par le sud, Revivim devient unposte de première ligne.
Selon certains rapports, c’est donc au-dessus du ciel de Revivim que l’aviationisraélienne s’engage dans ses premiers combats aériens avec les avions ennemis.Il faut savoir que des membres du kibboutz ont également combattu l’une descolonnes d’invasion égyptienne, en y laissant plusieurs victimes.
Aujourd’hui, le cimetière de Tsahal à Revivim compte les pierres tombales despremières victimes du conflit israélo-arabe, ainsi que celles de plusieursautres membres du kibboutz tués lors des guerres qui ont suivi et les actes deterrorisme.
Après la guerre, les pionniers de Revivim réparent leurs bâtiments et admettentde nouveaux membres. La communauté est la plus au sud du Néguev jusqu’en 1952.
Ce n’est qu’en 1955 que les canalisations commencent à apporter de l’eau aukibboutz. Un changement notable, qui augmente considérablement la qualité devie des résidents et rend en même temps la communauté plus attrayante pour lesnouveaux membres.
Une communauté prospère
Parmi lesnouveaux arrivants: Sarah Meir, la fille de Golda Meir, connue pour être lapremière femme Premier ministre d’Israël. Golda devient alors une visiteuseassidue et une alliée du kibboutz après que sa fille y ait emménagé. En 1976,un centre culturel, qui porte son nom, est inauguré, avec des installationsplus modernes qui seront utilisées par la suite par les résidents de toute larégion du Néguev.
Aujourd’hui, Revivim est une communauté prospère et qui se prépare à célébrerson 70e anniversaire. Le kibboutz abrite plus de 800 résidents, comprenant lesmembres du kibboutz et leurs enfants, les bénévoles étrangers, les locataireset les soldats de Tsahal qui font une partie de leur service militaire entravaillant sur place.