« Israël nedeviendra pas la Grèce ou Chypre », a promis Lapid. Dans un long message postéla semaine dernière sur Facebook, le ministre des Finances explique à sescompatriotes que le remboursement des 30 milliards de shekels de « découvert »du pays demandera des choix difficiles.
Mais de prévenir : « si nous ne préservons pas la classe moyenne, l’économieralentira et le découvert se développera encore ».
Pour dynamiser ses propos, Lapid a eu à recours un personnage fictif : RickiCohen, 37 ans, une femme de la classe moyenne israélienne dont la situationéconomique doit être améliorée. Mme Cohen, de Hadera, et son mari, un employéde bas échelon dans une entreprise de haute technologie, gagneraient ensemble20 000 shekels par mois pour subvenir aux besoins de leurs 3 enfants. « Notretravail ne consiste pas à équilibrer des feuilles de calcul Excel, mais d’aiderMme Cohen », s’emporte Lapid, car « c’est grâce à des gens comme elle que cettenation existe ».
Et de déclarer que l’Etat devrait améliorer l’éducation qu’il offre aux enfantsde Mme Cohen (qui, selon lui, devrait inclure plus de jours d’école), laqualité des services dans l’administration et dans la police.
Lapid continue en déplorant le système de santé qui s’écroulerait, et l’absenced’un système fixe de paiement des transports publics. Bien que les Cohen aientun appartement et voyagent à l’étranger tous les deux ans, ils ne seront pas enmesure d’acheter un appartement pour un de leurs enfants, continue l’élu. Et deconclure : le ministère des Finances doit s’employer à améliorer la qualité devie de Mme Cohen et à réduire son coût de la vie.
Le message est repris partout dans la presse. Dès le lendemain, l’opposition sedéchaîne. Le président du groupe parlementaire travailliste, Isaac Herzog,accuse Lapid de surestimer les revenus de la classe moyenne. « Il y a pire queMme Cohen, beaucoup d’Israéliennes ne gagnent que 5 000 shekels par mois et,avec leurs maris, peut-être 10 000 shekels.
Elles ne contribuent pas moins au pays, envoient leurs enfants à l’armée etsurvivent à peine », s’indigne Herzog, avant de conclure : « Réveillez-vous,Monsieur le ministre des Finances. C’est là que la classe moyenne se trouve !».
Zehava Gal-On, présidente de Meretz, a, pour sa part, ironisé sur l’utilisationde Facebook par l’ancien journaliste, l’accusant d’être resté une personnalitémédiatique et d’oublier son nouveau statut. « Dans ce post misérable surFacebook, Lapid dévoile son ignorance et la condescendance qu’il affiche enversla classe moyenne », a ajouté Gal-On, affirmant que Mme Cohen appartenait aux20 % des « riches » du pays.
Un tout nouveau budget
Suite à ces événements, qui ont quelque peu entaché lacrédibilité du nouveau ministre des Finances, Yaïr Lapid a pris la décision demettre fin au budget voté pour deux ans, en faveur d’un retour au budgetannuel, dès 2015. « Créer un plan de travail économique annuel réduira leserreurs dues aux différences entre les prévisions des recettes fiscales del’Etat et les processus économiques mondiaux et nationaux réels », explique leporte-parole du ministère.
« Cela rendra aussi possible la localisation et l’identification du déficitrapidement, et la création de solutions ajustées au plan économique pourl’année ».
La décision de Lapid lui a valu des compliments de la part d’Erel Margalit, duparti travailliste, qui s’opposait franchement au budget bisannuel. « Le Budgetsur deux ans », a ajouté Margalit, « a laissé derrière lui un déficit de 40milliards de shekels qui nous incombe aujourd’hui ».
Dans un autre registre, Lapid a aussi pris une décision historique samedi 6avril, en sacrant Yael Andoran première femme « directrice générale » duministère des Finances. Andoran a travaillé pendant 10 ans au département dubudget, devenant sous-directrice lorsque Binyamin Netanyahou était ministre desFinances.