Une visite en forme de signal d’alarme

Israël a alerté la Russie sur les possibles implications d’une présence permanente de l’Iran en Syri

Un entretien entre Benyamin Netanyahou et Vladimir Poutine (photo credit: REUTERS)
Un entretien entre Benyamin Netanyahou et Vladimir Poutine
(photo credit: REUTERS)
Le Premier ministre Benjamin Netanyahou s’est envolé vers Moscou le 9 mars dernier pour une visite éclair d’une journée, accompagné par le général Herzi Halevy, chef des renseignements militaires. Son objectif : mettre en garde le président Vladimir Poutine concernant les efforts de l’Iran pour déployer des forces en Syrie, dans le but d’établir une base navale en Méditerranée. Il s’agissait de sa troisième visite en Russie au cours des onze derniers mois, déplacements auxquels s’ajoutent les conversations téléphoniques régulières entre les deux dirigeants, preuve s’il en est de la grande influence de Moscou au Moyen-Orient depuis son implication dans le conflit syrien.
Inacceptable
Lors de la conférence de presse qui a suivi leur entretien, Netanyahou a insisté sur les implications des activités du régime des mollahs au niveau régional. « Nous constatons que l’Iran tente de développer une force et des infrastructures militaires, dans l’intention d’établir une base en Syrie incluant la construction d’un port. Tout cela pourrait avoir de dangereuses conséquences pour la sécurité d’Israël », a martelé le Premier ministre. « J’ai longuement expliqué au président Poutine les enjeux que constituait sur le plan stratégique la présence permanente de l’Iran en Syrie. J’ai dit que cela viendrait saper la stabilité de la région, compromettre la possibilité d’une sortie du conflit syrien par la voie diplomatique, et qu’au final, cela ne servirait que les intérêts de l’Iran. Je lui ai clairement fait comprendre que l’éventualité d’un renforcement de Téhéran et de ses alliés en Syrie était inacceptable pour Israël ».
Le chef du gouvernement israélien a prévenu : si le but ultime des efforts en cours pour mettre fin au conflit syrien et parvenir à un accord est de créer une frontière ou une région en paix, permettre à l’Iran – qui a maintes fois exprimé sa volonté d’anéantir l’Etat juif – de s’installer aux portes d’Israël, n’a aucun sens. Des évidences qu’il convient de rappeler, a ajouté Netanyahou. Et de préciser que les inquiétudes concernant la République chiite avaient occupé la plus grande partie des discussions, ne laissant que peu de place au processus de paix avec les Palestiniens. Le Premier ministre a enfin insisté sur le fait qu’Israël n’avait aucune intention de se retirer du plateau du Golan, et qu’il attendait de la communauté internationale qu’elle reconnaisse cet état de fait.
Au moment de poser pour la photo officielle, Poutine a présenté ses vœux à Netanyahou à l’occasion de la fête de Pourim. Le Premier ministre israélien a alors saisi l’occasion pour rappeler l’origine de la fête : « Il y a 2 500 ans dans la Perse antique, il y a eu une volonté d’éradiquer la présence juive. Mais ce plan funeste a échoué, et c’est ce que nous célébrons. Aujourd’hui, l’Iran, héritier des Perses, possède les mêmes desseins : éradiquer l’Etat des juifs. Il le dit clairement, et c’est aussi gravé sur ses missiles balistiques », a ajouté Netanyahou. « Je veux dire les choses clairement : Israël est aujourd’hui un Etat avec une armée, et nous sommes en mesure de nous défendre. Et je veux dire aussi que le terrorisme islamiste chiite menace non seulement Israël, mais aussi la région et le monde tout entier ». Le chef du gouvernement a rappelé que la Russie joue un rôle important dans le combat contre le terrorisme islamiste sunnite incarné par Daesh et al-Qaida. « Il est évident que nous ne voudrions pas le voir remplacé par le terrorisme islamiste chiite sponsorisé par l’Iran », a-t-il insisté. « Je sais que nous sommes unis par la même volonté d’empêcher une victoire du terrorisme, quelle que soit son origine », a-t-il affirmé.
Lors de cette conférence de presse, Netanyahou a dit toute sa confiance dans le fait que le chef du Kremlin avait compris son message, à l’heure où la voix russe pèse de plus en plus lourd en Syrie. L’exemplaire de La guerre des juifs de Flavius Josèphe, vieux de 500 ans, offert par Poutine au Premier ministre israélien, en était peut-être le signe.
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