Nouvel échec des négociations entre le groupe 5+1 et l’Iran, ceweek-end. Prévisible, grommellent certainement les Israéliens. Les 6 puissances(les 5 membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU, plus l’Allemagne) nes’avouent pas pour autant officiellement vaincues. Mais il est vrai que lacoercition exercée sur Téhéran semble peu à peu s’éroder. Côté américain,plusieurs experts politiques expliquent l’absence d’engagement du présidentObama dans la guerre civile en Syrie par la volonté de se garder une marge demanoeuvre face à la République islamiste. Une stratégie bien évidemmentofficieuse, mais qui laisse craindre que Washington se sente de moins en moinsapte à faire plier les Iraniens.
Côté britannique, le député Jack Straw, ancien ministre des Affairesétrangères, a récemment signé une tribune dans le Telegraph dans laquelle ils’interroge sur la valeur de la menace militaire brandie par les puissancesoccidentales. Titre de l’article : « Même si l’Iran obtient la bombe, uneentrée en guerre ne serait pas justifiée ». De tels arguments ne sont sûrementpas isolés dans les couloirs du pouvoir britannique.
Mais reste à savoir si les leaders occidentaux sont eux-mêmes en train deglisser vers une approche plus laxiste. Pour le professeur Barry Rubin, experten terrorisme et en affaires du Proche Orient, la tribune de Straw prouve avanttout que « l’Occident faiblit » dans les négociations face à Téhéran.
« Obama continuera de répéter que toutes les options sont envisageables jusqu’àce que l’Iran se dote de l’arme nucléaire », prédit-il. Et d’ajouter que leprésident américain voudrait idéalement que le régime iranien demeure à lalimite entre l’obtention de l’arme et sa non-obtention, ce qui éviterait uneoffensive militaire aux Etats-Unis.
« Les Iraniens sont moins bêtes que leurs adversaires »
Téhéran sembles’accommoder de ce jeu de dupes puisque son programme nucléaire ne dépasse pas,pour le moment, les limites fixées par Israël.
En septembre 2012, face à l’Assemblée générale de l’ONU, le Premier ministreBinyamin Netanyahou a exigé que l’Iran ne dépasse pas les 20 % d’uraniumenrichi. Alors que les négociations avec les puissances occidentales sontentamées depuis longtemps, cette demande prouve que la stratégie iranienne, àsavoir traîner des pieds, commence à influencer l’état d’esprit des leadersoccidentaux. Mais de leur côté, ontils réussi à influencer la Républiqueislamique par les menaces répétées d’une offensive militaire ? Téhéran sembleavoir procédé à des ajustements mineurs dans sa tactique. Mais, à tout prendre,le régime continue sa course à l’armement nucléaire tandis que l’Occidenthésite entre frappes préventives, d’avantages de sanctions ou une stratégie deconfinement.
Pour le professeur Zeev Magen, directeur du département des études duProche-Orient à l’université de Bar-Ilan, « les Iraniens sont trop malins pouravaler » les spéculations américaines et israéliennes sur une attaqueimminente.
Et de blâmer la vison à court terme occidentale, en citant l’échec desrenseignements américains à prévoir, dès 2007, que l’Iran se visait la bombeatomique.
Des lacunes qui inquiètent aujourd’hui Israël, tout comme les musulmanssunnites, ennemis historiques de l’Iran. « Téhéran sait voir à long terme, etde façon moins superficielle. En d’autres termes : ils sont moins bêtes queleurs adversaires », tacle l’expert. « Ils savent que l’apparition ou ladisparition d’une information dans les médias occidentaux ne fait pas tout. Ilssont concentrés sur leurs objectifs tout en étant prêts au pire. Nous devrionsen prendre de la graine ».