Si le sujet du viol est encore relativement tabou en Israël, le pays est loin d’être épargné par le fléau. Ces dernières semaines, le phénomène de la « drogue du viol » a fait les gros titres de la presse. En cause, une substance incapacitante, appelée GHB ou GBL, versée dans le verre des victimes à leur insu. Victimes ensuite abusées sexuellement, et qui ne se réveillent que quelques heures plus tard, sans aucun souvenir de leur agression.Fin juin, un nouveau rebondissement vient renforcer les suspicions d’usage de drogue dans des affaires récentes d’abus sexuel. Un homme est arrêté, soupçonné d’avoir violé plusieurs femmes de la région de Tel-Aviv, rencontrées sur des sites Internet. La police le soupçonne d’avoir utilisé la drogue du viol sur ses victimes.Tout commence par la plainte d’une femme qui affirme s’être réveillée dans l’appartement du suspect, sans aucun souvenir de la nuit qui vient de s’écouler, et qui accuse l’homme de l’avoir droguée et violée. D’autres plaintes suivent, qui vont dans le même sens. La police tend alors un piège au suspect : une policière se fait passer pour une « proie » potentielle et l’invite dans un appartement truffé de caméras. L’individu arrive avec une bouteille de vodka. Au moment où il sert son hôte, des policiers déboulent, qui interceptent le suspect et saisissent la bouteille, comme pièce à conviction. Mais les résultats du laboratoire ne seront pas concluants. Pour autant, le suspect est toujours en garde à vue. Il devrait être mis prochainement en examen.Des preuves difficiles à réunirLes hôpitaux et centres de crise qui reçoivent ces victimes décrivent tous le même cas de figure. Les victimes, jeunes le plus souvent, disent s’être réveillées dans une chambre d’hôtel sans pouvoir se rappeler les événements de la nuit passée. Les faits se déroulent la plupart du temps dans le cadre de soirées dans un club, ou bien à l’occasion d’un rendez-vous organisé.Il est très difficile pour les autorités de déterminer la nature criminelle des faits, en raison de la disparition des traces de drogue quelques heures seulement après l’agression. D’autre part, les victimes affirment bien souvent avoir consommé de l’alcool au moment de l’agression, ce qui peut altérer aussi bien leur jugement et leur comportement au moment des faits, que leur souvenir des événements. Pour l’heure, seuls des tests d’urine sont pratiqués en Israël, avec les limitations que l’on connaît et l’impératif de les pratiquer peu après les agressions sous peine d’invalidité. Certains laboratoires du pays sont pourtant à même d’effectuer des tests pour détecter la présence de telles drogues dans les cheveux, jusqu’à plusieurs semaines après l’agression. L’acquisition généralisée de cette technique par les laboratoires israéliens permettrait ainsi d’attester de la nature criminelle des actes, et d’aider les autorités à inculper les violeurs.Ces développements interviennent alors qu’un rapport souligne une nette augmentation des viols en 2013. Le nombre de plaintes pour agression sexuelle a en effet bondi de 12 %, ce qui correspond à 8 500 nouvelles plaintes par rapport à l’année précédente. Le rapport évoque également avec inquiétude les agressions sexuelles à l’encontre des enfants, qui représentent près de 30 % de l’ensemble des faits rapportés.L’association des centres de prise en charge des victimes de viol appelle donc à redoubler de vigilance, notamment vis-à-vis des plus jeunes.© Reproduction interdite - Droits réservés Jerusalem Post